Le cloitre Notre Dame de Chalons en Champagne (51000)

Publié le par Bertrand de Marseivilla

La ville de Chalons en Champagne (51000) possède une pièce unique en europe. Il s'agit du cloitre qui jouxtait le coté nord de l'église Notre Dame en Vaux.

Le cloitre fut construit dans la seconde moitié du XIIe siècle, selon les monnaies retrouvées dans les fondations par les archéologues entre 1152 et 1197. La paroisse de Notre Dame en Vaux, bien qu'hors des murs de la cité était richement dotée et les chanoines décidèrent de reconstruire leur église dans les années 1150. Le cloitre est précisément daté de de la décennie 1170-1180. Le style, et les difficultés posées par le chapitre de la cathedrale Saint Etienne voisine ne laisse que peu de marge dans la datation. Cet édifice est purement ostentatoire, puisque la vie en commun rebutait les chanoines de ce chapitre, preuve en est l'absence de refectoire et de dortoir commun. La jouissance de l'édifice était réservée aux chanoines et interdite aux paroissiens à l'exeption de quelques rares occasions (jeudi Saint). Au XVIIIe siècle, dans un état lamentable, le cloitre fut démoli par les chanoines de la collégiale et les paroissiens, précisement entre 1759 et 1766. On le brisa en multiples fragments de petite taille qui furent vendus et réutilisé dans les constructions alentour.

Il fut exhumé systématiquement à partir de 1963 sous la direction du Ministère des affaires culturelles, bien que des fragments etaient regulièrement mis au jour depuis le XIXe siècle. Il se trouvait dans les fondations des maisons, dans les murs du presbytère ou des jardins qui furent construits après la destruction, et par chance, cet ilot d'habitation n'avait que peu changé depuis sa construction. La prospection archéologique dura treize ans, de 1963 à 1976. En effet, en plus de fouiller des fondations de maisons habitées, il fallu racheter le terrain ou se trouvait à l'origine le cloitre afin d'y mener des fouilles, et qui dépendait de cinq propriétaires différents.
Ne pouvant le reconstruire à l'identique avec certitude, on prit le parti de lui batir un musée proche de son emplacement originel pour l'exposer dans de bonnes conditions.


Bien que la détérioration et la perte d'une partie de l'édifice soit regretable, le fait d'avoir été brisé puis inséré dans les constructions l'a probablement sauvé. En effet la révolution fut particulièrement violente à Chalons, en témoignent entre autre le massacre du portail sud de Notre Dame en Vaux, et du portail nord de la cathédrale Saint Etienne, et il n'est pas sur que le cloitre y aurait mieux resisté. Ensuite le XIXe siècle a sauvé nombre de monuments, mais parfois en pratiquant des restaurations hasardeuses ou volontairement fausses qui auraient largement réduites la valeur du temoignage que represente le musée. Enfin, le début du XXe siècle vit le départ de nombreux cloitres démontés pierres par pierres pour les musées étrangers Chalons n'aurait peut etre pas réussi à conserver une telle merveille si elle etait restée en place. 

Les statues colonnes et les chapiteaux historiés que rassemble le musée sont très détaillées et sont une excellente source pour les costumes ou le mobilier de la seconde moitié du XIIe siècle.

D'après Le cloitre de Notre-Dame-en-Vaux par Sylvia et Léon Pressouyre

Le musée du cloitre se situe rue Nicolas-Durand, 51000 Chalons en Champagne. Il est ouvert tous les jours sauf le mardi  à partir de 10h.
Clichés : Bertrand Guérin

Publié dans Architecture

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B
J'ai effectivement quelques photos détaillées et des toutes les statues et chapiteaux en photo, mais pour ne pas nuire au musée qui souffre déja de sa localisation, je ne les publierai pas.
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P
Magnifique ces sculptures, effectivement, elles sont bien détaillées! <br /> As-tu fait des photos de détail des costumes? ou uniquement celles présentées ici?
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